J'ai terriblement changé, pas physiquement, mais mentalement et tout le monde peut le voir. C'est un mal pour un bien, je sais que ce changement était vitale pour que je puisse obtenir la garde de Jude... Jamais je n'aurais pensé qu'en l'espace de même pas 4 mois ma vie soit autant chamboulé... Déjà la décision d'adopté Jude c'est une importante décision et pourtant elle m'est venue si spontanément que je me suis fait qu'à l'idée je serais peut-être si le tribunal l'accepte la mère adoptive d'un ado de 16 ans. Mais le plus gros changement je crois c'est dans ma vie sentimentale et même si je sais qu'au fond ça déplaît un peu, voir beaucoup à Jude. J'ai peur de ce que je ressens, j'ai peur d'y mettre un mot, car je sais que ce mot changera ma vision sur l'amour, où peut-être que c'est déjà fait...

Quoiqu'il en soit à midi je suis rentrée à l'appartement pour manger et j'en ai profité pour relever le courrier, courrier que j'ai balancer sur la table basse sans regarder. Je me suis fait vite fait un croque-monsieur et en une demi-heure, j'avais fini de manger, laver la vaisselle, brosser les dents et comme il restait un bon moment à tué, j'ai enfin regarder le courrier... Parmi toutes la pubs étendu sur la table basse une enveloppe retint mon intention, une enveloppe du tribunal... Avec Jude on a pris la décision d'ouvrir ce courrier en présence de l'autre, mais il est en cours... Ni une, ni deux j'ai pris l'enveloppe, les clés de la voiture, après avoir fermé l'appartement à clé et surtout m'être précipité dans la voiture avec l'enveloppe, j'ai pris le chemin du lycée de Jude... Il m'a fallu un bon quart d'heure pour arriver à destination et une fois sur place, j'ai envoyé un sms à Jude l'informant de ma présence sur le parking de son lycée et que c'était important... Je suis sorti de la voiture et je me suis appuyé contre le capot attendant que Jude arrive, l'enveloppe entre mes mains...

On croit que tout a changé, mais rien n'avait évolué. Enfin si. Je m'étais un peu calmé, j'étais enfin devenu normal, comme normal on pouvait être. Je suis un ado comme les autres maintenant et je ne suis plus celui qui a disparu. Et ça change une vie ça. Moi la mienne, est clairement devenue plus facile à vivre. En plus, je suis avec ma mère, celle qui m'a adopté en tant que fils et que j'ai adopté en tant que mère. J'espère juste ne pas retourner dans ma famille, j'avais peur. Toujours cette petite peur au fond de moi. Mais j'allais beaucoup mieux. C'était l'essentiel, non?

Aujourd'hui j'étais en cours. J'étais en deuxième année de lycée, je n'étais plus le petit bébé mais j'avais d'énormes difficulés en cours que je gardais sous silence. C'était pas de ma faute, si je ne comprenais rien et je n'avais pas envie de retourner en première année. J'étais en cours de littérature, quand j'ai entendu mon portable vibrer. C'était ma mère qui me demandait d'aller sur le parking du lycée. C'était important. J'avais bien compris ce que c'était et soudainement, ça me faisait peur. J'avais peur d'une mauvaise nouvelle. J'allais sur le parking, la voyant au loin. Je me mis légèrement à trembler et je lançais:

"Alors? ... Il se passe quoi? Je dois retourner vers eux... dis moi que non, s'il te plaît... Tu sais bien que je n'y retournerais pas..."

Il est vrai que depuis que j'ai pris la décision de l'adopter et malgré que je sache que la décision n'était pas encore tombé, je me comporte envers lui comme une vraie mère, je sais que je ne devrais pas agir tant que la décision du tribunal n'est pas tombé, mais c'est plus fort que moi... Je ne sais que trop ce qu'il ressent et je veux à vraiment éviter qu'il le ressente à nouveau... D'autant plus qu'il est un peu plus à l'aise avec moi, je suis sa famille, comme il est la mienne et je crois que ça aucun juge n'y pourra rien...

Alors que je l'attendais sur le parking, j'étais entrain de me dire que peut-être j'aurais du attendre ce soir, que nous soyons à la maison et ne pas le déranger pendant les cours... Mais au fond je sais que je n'aurais pas eu la tête au boulot en sachant que l'avenir de Jude était enfermé dans une enveloppe sur la table basse... Et me connaissant j'aurais très bien pu quitté le boulot sur un coup de tête pour aller ouvrir l'enveloppe que je tiens entre mes mains... Jude et moi, nous, nous sommes battus ses derniers mois afin de démontrer au juge que Jude était bien mieux avec moi que dans sa véritable famille, qu'il était heureux, en bonne santé, mais surtout un peu plus épanoui... Et il a fini par arriver, je savais que l'attente de la décision le stresser beaucoup, je sais qu'il est terrorisé à l'idée de devoir retourner vivre avec cette famille qu'il ne connaît pas... « La réponse n'est arrivé que ce matin... Je ne peux pas répondre à ta question, je n'ai pas ouvert l'enveloppe... En la voyant je suis venue directement ici... » Je l'observa quelques secondes avant de lui tendre l'enveloppe. « C'est à toi de l'ouvrir, c'est ton avenir qu'il y a dans cette enveloppe. »

Je pris alors l'enveloppe d'une main tremblante et je me mis à ouvrir l'enveloppe mais je ne pouvais pas la regarder. Mon coeur battait trop fort. Je lui rendis l'enveloppe avant de dire:

"Je ne peux pas regarder, fais-le toi... S'il te plaît...."

Ma voix était devenue plus tremblante, elle aussi et j'étais au bord de la crise de panique. Je m'attendais déjà au pire. Et dans ma tête, je prévoyais de fuir encore si jamais je devais rentrer dans ma famille. Hors de question! Je n'osais même plus la regarder et je préférais fixer le sol, le coeur battant aussi vite qu'il le pouvait, commencer à m'empêcher de respirer correctement. L'angoisse était bien présente en moi. Je me rapprochais d'elle et je cachais mon visage contre elle, cachant par la même occasion mes larmes et mon angoisse. J'attendais de savoir. D'une voix encore plus timide, je murmurais:

"Je dois rentrer c'est ça?..."

Durant toute la procédure et surtout le jour où Jude et moi avions du passé devant le juge, nous avons été confronté à sa famille, sa vraie famille qui durant la procédure s'est battu pour le retour de leur fils dans leur foyer... Alors oui j'ai peur du contenu dans cette enveloppe, car au fond je sais très bien que c'est horrible d'arracher un enfant à sa vraie famille, mais je me dis que le juge aura sans doute pris en compte que Jude n'a jamais vécu avec eux, qu'il ne connaît aucun membre de cette famille... Mais en voyant l'état de Jude en ouvrant l'enveloppe, j'ai su avant même qu'il me le dise que je dise que je devrais moi-même lire le contenue de la lettre. « D'accord je vais le faire... Respire Jude, ça va aller... » Dis-je en lui caressant doucement la joue quelques secondes avant de prendre l'enveloppe. Pour une fois le courage me manque, j'ai affronté des épreuves beaucoup plus risquer sans manqué une fois de courage et là devant une simple enveloppe tout s'envole comme par magie... Mais je me suis reprise en quelques secondes, Jude a le droit à une réponse et moi aussi. Lorsqu'il vint contre moi, je le serra doucement contre moi à l'aide de mon bras valide, après avoir sorti la lettre de l'enveloppe... « Non... Enfin oui tu dois bien rentrer après les cours... Mais chez nous Jude... La... La demande est acceptée... » J'en perds mes mots tellement je suis heureuse... Le stress accumulé ses derniers mois s'évacuèrent d'un seul coup...

A l'annonce de la réponse, je me sentis soulagé comme jamais. Je n'allais plus jamais revoir cette famille qui n'était pas une famille pour moi. Le juge avait enfin compris que je me sentais pas à l'aise et ma ma menace de fuguer une nouvelle fois avait du lui ouvrir les yeux. Athéna était ma seule famille, ma mère. J'en oubliais même le Texas, et ce qui s'était passé là bas. Je me sentais enfin libre. Je la regardais et je lui dis alors:

"Mais j'ai toutes les raisons pour t'appeler maman car tu es ma mère maintenant..."

Je grimaçais légèrement quand elle parla de cours. Maintenant que tout était ok, j'avais envie de ne plus être l'enfant sage qui obéissait aux règles, j'avais juste envie d'être moi. Maintenant je me posais la question de lui demander de passer le reste de la journée avec elle, ou bien si je me donnais l'autorisation à moi même de sécher les cours. Mais je ne voulais pas chercher les ennuis dès le premier jour. C'était pas vraiment drôle; J'espérais juste que j'aurais moins de surveillance, maintenant que je ne projetais plus de fuir. Je repris alors:

"Dis.. je peux rester avec toi... je veux dire pour la fin de la journée...J'ai pas envie d'aller en cours... je sais que je ne serais pas concentré..."

Accepter. Ce mot résonne encore dans ma tête presque comme une douce mélodie. Avec Jude, nous, nous sommes tellement battus et nous avons réussi a démontré qu'il serait plus heureux avec moi qu'avec sa vraie famille... Famille qui doit être anéanti par cette décision, mais est-ce que ça leur suffirait à comprendre que Jude ne veut pas les connaître ? Je n'en sais trop rien, mais je suppose qu'il me le dirait si jamais il se sent suivi ou si jamais certaines personnes de sa vraie famille le harcèle... Il me le dirait n'est-ce pas ? Voilà que j'agis comme une mère poule maintenant... J'ai bien changé. Je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir un sourire amusé en l'entendant. « Nous formons une famille maintenant, une vraie famille... » Dis-je avec une tendre sourire. Où est donc passé la jeune femme qui ne voulait jamais tomber amoureuse de peur de souffrir, la jeune femme qui pensait qu'un jour elle n'aurait de vraie famille... J'ai toujours entendu qu'on choisi toujours ses amis, mais pas sa famille, mais ce proverbe est faux, puisque j'ai choisi Jude et il m'a choisi, donc on choisi à la fois ses amis et sa famille... Je l'observa lorsqu'il émit la requête de rester avec moi pour le restant de l'après-midi. Je réfléchi quelques secondes, au fond pourquoi pas, on a bien le droit de se détendre et de relâcher la pression accumulé ses derniers mois. « D'accord... Tu veux faire quoi ? »

Maintenant je savais que définitivement je n'irais plus avec ces étrangers, je savais que je pourrais être moi même. Je lui fis un calin, un peu moins stressé que d'habitude mais j'eus une envie de fumer. Je sortis alors une cigarette qu'un terminal m'avait donné et je sortis le briquet que j'avais dans ma poche. Je ne savais pas comment Athéna allait réagir mais tant pis. J'en avais besoin. M'éloignant un peu d'elle, j'allumais la cigarette et je me mis à fumer. Je la regardais et je me dis tant pis si mon secret était découvert. Il valait mieux qu'elle le découvre quand elle était de bonne humeur. Alors que je fumais, je répondis alors:

"Alors je sais pas mais tout sauf des trucs chiants... pas les cours...on pourrait aller manger un McDo? Et après on pourrait faire quelque chose qui me fasse penser que je suis libre et pour toujours?"

Je finissais ma cigarette et je revenais vers elle, remettant mon briquet dans ma poche. Je sais que j'ai que 16 ans mais je fumais depuis que j'étais dans ce centre.

Et maintenant, nous allons enfin pouvoir souffler et laisser toute cette histoire derrière nous. On va enfin pouvoir aller de l'avant sans regarder en arrière, même si je sais qu'au final certes je suis sa mère adoptive, il fallait que je le signale à son lycée, que je fasse tout un tas de paperasse, mais il n'en reste pas moins que ses vrais parents peuvent venir le voir s'ils le veulent, bien que je sache qu'il ne voudra pas leur parler... Et là sans que je m'y attende et le plus naturellement du monde, Jude sort un paquet de cigarette et il se met à fumer devant moi... J'avoue que j'ai deux envies, celle de lui arracher la cigarette, de l'écraser et de le réprimander, mais aussi l'envie de ne rien faire, car au fond je sais que je préfère qu'il touche à la cigarette qu'à la drogue... Alors je n'ai rien dit, je n'ai rien fait... Peut-être que je le regretterais plus tard, c'est même certain, mais tant pis... « Va pour le Mcdo, peut-être que l'on pourrait aller à la plage après. » Je pourrais toujours prendre un dessert. J'avais envie que Nate se joigne à nous, mais je sais que Jude ne le voudra pas, alors je n'ai rien proposé, j'irais voir Nate durant ma journée de congé... Je sais qu'un jour, je devrais parler avec Jude de ma relation avec Nate, qui je l'espère et si j'arrive a m'ouvrir un peu plus à cet homme, sera une relation durable... « En voiture jeune homme. »

Je finissais vite fait ma cigarette et je me rapprochais d'elle avant de dire en soupirant:

"Je sais ce que je viens de faire, mais je m'en excuserais pas. Je fume depuis Janvier.."

Je voulais lui dire, pour éviter à avoir me cacher à chaque fois que je voudrais fumer. Et puis il n'y aurait plus de secrets entre nous. J'entendis alors sa proposition et j'hochais la tête avant de répondre:

"Bonne idée.."

Je regardais ailleurs que dans les yeux. J'étais parti dans mes pensées. Loin, très loin. J'étais dans la voiture mais pourtant j'étais ailleurs.Bien entendu, j'étais content d'être officiellement le fils d'Athena mais un autre sentiment s'installait en moi. Un sentiment nouveau jamais ressenti auparavant. Ce n'était pas la peur, ce n'était pas l'envie de fuir. Je n'avais plus envie de fuir, puisque j'avais trouvé ma famille. Je sortis de ma rêverie et je lançais:

"Maintenant que ça a été accepté, tu lèves les règles, n'est-ce pas?" 

Je sais que j'aurais dû réagir à propos de la cigarette, mais j'ai préféré ne rien faire, car au fond je préfère que ça soit la cigarette à la drogue, franchement c'est nettement plus ''sain'' si je peux dire ainsi. J'aurais bien évidemment que ça soit ni l'un, ni l'autre, mais à part sa mère adoptive qui es-tu réellement ? « Je n'ai rien dit Jude. Tant que tu ne touches pas à la drogue. » Oui autant lui dire que je préfère qu'il ne touche pas à la drogue, histoire d'éviter les mauvaises surprises. C'est surtout que je ne souhaite pas qu'il finisse en garde à vu où même pire derrière les barreaux à cause de ça, déjà que moi je pourrais perdre ma place si jamais ça vient à se savoir, quoique maintenant je suis clean, je n'y ai pas retouché depuis et j'en éprouve pas l'envie. Nous avons fini par monter dans la voiture et nos ceintures une fois attaché, j'ai pris le chemin du mcdo. Un petit silence régnait dans la voiture, mais il n'était pas désagréable, en même temps avec une nouvelle comme celle-là ce petit silence est un peu normal, enfin je pense... Sa question m'interpella et j'avoue que ça me surprend un peu. « Elles te dérangent tant que ça ? » Autant le savoir tout de suite, j'y ai trouvé un certain équilibre à suivre ses règles, mais s'il faut je pourrais les lever, mais je pense que j'en profiterais pour mettre une condition.