« Kalina ? »  J’étais perchée sur mon arbre. Je souriais doucement, laissant mon  frère chercher après moi, alors que j’observais le monde depuis cet arbre. Le monde, certes c’était bel et bien abusé, mais j’avais l’impression de tout pouvoir supporter quand je me retrouvais dans ce vieil arbre où j’avais tout simplement toujours trouvé refuge. Il n’était pas le seul lieu où je pouvais trouver réconfort.  Je le pouvais en allant dans les bras de mon père, de mes frères  ou encore de ma mère. «  Par-là ! »  J’essuyais les larmes qui coulaient encore le long de mes joues alors que mon grand frère Kaedin finissait par arriver à moi en grimpant en deux secondes  l’arbre.  Il déposait son bras autour de mon cou me rapprochant à lui, je pouvais humer son odeur, alors que je venais déposer ma tête sur son épaule.  «  Ça va ? »  Gênée. Je me sentais totalement mal, je ne savais quoi dire ou faire.  Je restais blottie dans mon aphasie. «   Elle me manque déjà … » Il embrassait ma tempe et secouait la tête, laissant une larme glisser le long de sa joue ce qui eut le don de m’arracher un sourire.  «  Ça ira ! »  Comment ça pouvait aller ?  Je venais d’enterrer avec ma famille ma grand-mère, je pouvais toujours me dire que c’était une perte normale, que c’était son heure ? Mais c’était un accident de voiture où elle n’avait rien fait mise à part se retrouver au mauvais endroit. Voilà, c’était la seule explication qu’on pouvait avoir ! Pourtant mon esprit continuait de chercher à trouver des réponses, mais je n’en avais aucune, je restais sur ma faim. Mon frère venait de descendre de l’arbre, alors qu’il me fit le rejoindre. Aucune envie d’aller à l’intérieur bien trop de monde pour lui rendre hommage, mais qui disait comprendre notre peine ? Je n’y croyais pas.  On ne pouvait pas savoir la peine d’une autre personne, car l’amour que l’on pouvait porter à une personne avait beau être identique les souvenirs n’étaient pas les mêmes. Surtout ceux qui étaient ici, alors qu’on ne les avait jamais vu, j’avais limite envie d’exploser, de leur dire de partir, mais j’avais simplement quitté la veillée.  Je montais avec mon frère dans sa chambre pour aller sur le toit là où se trouvaient  mes deux autres frères : Leamon et  Jason. Je me posais contre le mur, nullement besoin de parler avec eux.  Je sentais la main de l’un de mes frères  caresser mon mollet alors qu’il commençait à lancer des cailloux  dans le jardin, je fermais les yeux laissant une vague de souvenir venir taquiner mon esprit et me rendre mal tout en ayant la sensation d’être heureuse de les revivre. Étrange sentiment.

«  Tiens, tiens Jayden ! »  Je regardais en haussant les épaules en direction de mon frère ! C’était quoi son délire ? Il voulait faire peur au voisin ? Qu’il venait de voir  m’embrasser.  Ce n’était pas comme si Jayden nous connaissait par cœur et ce n’était point un euphémisme.  En tout,  la plus grande différence d’âge dans ma fratrie était de cinq ans ! Alors on avait les mêmes délires et les mêmes attentes ! S’amuser. Je n’avais que seize ans  tout comme Jayden, à quelques mois près dirons-nous, mon frère qui avait un an de plus que moi et qui avait redoublé était dans sa classe donc autant dire, que c’était compliqué de ne pas toujours être ensemble ! Avec Jayden, ce n’était pas compliqué. Amoureuse ? Comment serais-je expliquer cela ? Après tout, il était mon premier vrai petit ami au dire de mes frères, car Jordan ne comptait pas, ce mec de colonie de vacance que j’avais embrassé chastement devant ma mère à la fin des vacances pour la première fois !  Pour eux tant que je n’avais pas fait des choses telles que mettre la langue  pour l’embrasser ce n’était pas un vrai copain. Autant dire que Jayden l’était … et ce depuis un moment, sauf que je ne l’avais point dit.  Enfin, je regardais mon frère, puis les deux autres en train de ricaner comme des filles.  «  Vous avez pas autre chose à faire ? » Mon frère me regardait amusé, je sentais qu’il allait sortir une grosse connerie et pour le coup autant dire que j’allais regretter de l’avoir ouverte.  «  Quoi tu dois encore t’entraîner  à embrasser autrement  que comme une carpe ? » Je le frappais sur l’épaule avant de voir une autre main finir derrière sa tête ! Un autre de mes frères. Enfin, on se taquinait souvent comme ça, ils nous laissaient seul, alors je me concentrais à nouveau sur Jay’.  «  Désolée.. » Il me regardait glissant sa main sur ma joue. «  Depuis quand tu dois t’excuser pour eux ? » Oui, il n’avait pas tort. Il les connaissait autant que moi et ma famille était comme ça ! Un peu folle, mais toujours présente pour les autres ! Malgré que Jason ait couché avec l’ancienne petite copine de  Kaedin.  Donc autant dire qu’on pouvait tous ce pardonner et que nos parents avaient su faire de notre foyer un cocon digne des films de cinéma ! Parfaite à l’extérieur, pas tellement à l’intérieur, mais on se sentait toujours bien et libre de dévoiler nos songes, nos peines et tout ce qui allait avec.  Je finissais par me coller à Jay souriant alors que je venais l’embrasser alors que sa mère sortie en même temps que la mienne ! Elles étaient amies, tout comme nos deux familles, enfin, c’était un coup fourré !  Comment elles pouvaient sortir ainsi en  même temps sans être téléphoner pour nous embêter ? Impossible, de toute façon ces deux-là ne tenaient pas bien leur langue, tout au contraire, les surprises étaient rare.

La soirée du bal. Tout avait été magique, je l’avais rêvé ainsi mon bal. J’avais été entourée de mes amis et de celui que j’aimais depuis deux ans, Jayden.  On avait rendez-vous à la gare,  on avait prévu un voyage à Londres.  J’avais toujours eu envie de voir cette ville, puis on allait faire un détour par la France pour visiter aussi.  Deux semaines rien que tous les deux voilà ce qu’on allait avoir. J’étais heureuse, même si dans le fond, ma famille allait me manquer.  Mes parents, mes frères, quitter mon petit cocon était une chose que je ne faisais généralement pas ou du moins pas sans mes frères, mais cette fois c’était le cas juste pour être avec celui qui serait l’homme de ma vie ! Je le savais. Je ne pouvais pas expliquer comment je pouvais être aussi sûre de ça. «  J’ai tellement hâte d’y être !  Puis, je pourrais enfin savoir cette fameuse surprise que tu  vas m’offrir ! » Je le regardais passant ma main sur sa joue avant de venir l’embrasser sur la joue. La musique passant à la radio était douce, rien qui ne pourrait nous faire dériver de ce moment si parfait.  «  Surtout que toi les surprises ça  t’énerve ! »  Je soufflais en tirant un peu la langue ! Il le savait moi et les cachoteries ou les surprises ça faisait trois milles et ce n’était pas une blague, j’avais le besoin de tout contrôler  ou plus de tout savoir à l’avance.  Je rigolais en le voyant faire la moue, alors qu’il finissait par laisser son rire rejoindre le mien, je trouvais sa main qui était libre pour l’embrasser alors que je ne m’attendais pas à cette suite désastreuse. Totalement changeante ! Le destin allait nous donner un coup de pouce, mais ce n’était pas du tout ce qu’on attendait de ce dernier ! Direction l’hôpital. Tout allait vite. J’étais allongée sur un brancard ne cessant de répéter. «  Où est  Jayden. Jayden »  Je m’en fichais de cette douleur hantant mon corps, je voulais savoir où il était, mais les médecins me disaient simplement qu’on s’occupait de lui pour tenter de me faire taire et de me faire rester tranquille.   J’avais une commotion qui n’était pas méchante, le plus inquiétant était sans doute que je ne sentais pas mes  membres inférieurs, je ne savais même pas exactement ce qui s’était passé dans la voiture pour qu’on en finisse par faire des tonneaux sur quelques kilomètres avaient il dit ce pompier.  Comment, je pouvais ne rien ressentir et ne pas avoir peur d’être bloqué dans mon corps sans rien pouvoir faire ? Sans doute, car je n’avais aucune nouvelle de celui que j’aimais. Les tests s’enchainaient, les réponses que j’attendais ne venaient pas ce qui avait juste le truc de me mettre en rogne. Ma mère finissait par arriver et la douleur psychique fit le reste en me laissant tomber dans les vaps, la fatigue ou juste l’émotion, je n’en savais rien, mais à cet instant j’étais à la merci du corps médical.

Cela avait fait deux mois que Jayden avait été plongé dans un coma artificiel et qu’il était maintenant de retour parmi nous.  Quand j’étais allée le voir, j’étais heureuse d’enfin le retrouver. J’avais changé durant ces deux mois, que ce soit physiquement ou encore mentalement ! Je me préparais à avoir mon enfant. Son enfant. J’avais eu peur que ce dernier soit la seule chose qui me reste de Jayden. Je n’avais osé en parler à personne, cachant mais quelques formes arrivant tout juste vu que j’atteignais le troisième mois à peine. Je me tenais devant cet arbre, qui avait depuis toujours su essuyer mes larmes, me réconforter, pourtant il ne faisait rien mise à part rester inerte ! Mais ce n’était pas ce qu’il pouvait faire pour moi qui était important, mais ce qui représentait ! Il était mon enfance, il avait cette balançoire ancré à sa plus solide branche qui nous avait sans cesse vus nous disputer pour s’y poser quand nous étions adolescent ou encore quand on voulait se balancer quand on était gosse. Il faisait partie de moi ! J’y avais toujours grimpé comme pour y retrouver une once de paix, il m’avait apporté de bonne chose durant ces deux mois où j’avais pu venir ici pour caresser son écorce où le mot Jaylina était gravé.  Notre nom de couple, c’était comme ça que mes frères nous avaient surnommés tout comme nos mères.  Je caressais encore ce mot, qui ne voulait plus rien dire depuis quelques heures. Je jouais avec la bague que détenait entre mes fins doigts, c’était cette bague que m’avait confié dans une petite boite les pompiers. Il voulait me demander en mariage, personne ne le savait sauf lui. Sauf qu’à présent, j’étais là seule, il ne se souvenait de rien et il ne serait plus jamais le même ? Voilà, j’étais réduite à tirer un trait sur cette relation. Mais, pourtant, en moi il y avait cet être qui grandissait et dont je devais faire connaitre l’existence. Alors d’un pas sûr j’allais rejoindre nos mères qui parlaient dans le salon. Je m’installais devant elles, mon courage dans mes mains, il ne me restait plus qu’à trouver les mots.  «  Je suis enceinte de Jayden. » La bombe était sortie, je ne me voyais pas chercher durant dix ans ce que j’avais à dire. Mais, leur réaction qui était entre être heureuse et malheureuse, je ne savais plus où me placer. Je mordais ma lèvre, cette dernière que j’aimais souvent torturer.  Aucune des deux ne trouvaient cela raisonnable de dire à Jayden que j’étais enceinte, je n’étais pas d’accord … et pourtant, je devais faire avec.  Mes mains glissaient le long de mon visage où des perles salées coulaient.

«  C’est le moment ! »  M’écriais-je.  J’allais accoucher de ma fille. J’étais avec Erwan, il allait devenir papa alors que ce n’était pas réellement son job, vu qu’il n’était pas le vrai papa de Sofia.  C’était le prénom  qu’on avait réussi à se mettre d’accord avec Jayden quand on refaisait le monde sur le toit de ma maison. J’adorais tout bonnement le faire avec lui. Il me manquait et ce n’était pas juste de petite vague, mais bel et bien constant. Cela faisait  cinq  mois que j’étais avec Erwan. Il était un bel homme et très gentil. Mais, il n’était pas Jayden, pourtant, je m’en accommodais.  Les sentiments ? Ils étaient là pour Erw’, mais pas aussi fort que pour mon ex qui ne l’était même pas réellement, car une rupture était censé nous donner des raisons de haïr l’autre ?  Ou de s’expliquer et de rester en bon terme ! On nous avait tout volé, notre passé, notre présent et le futur que j’allais bientôt mettre au monde. Je ne pouvais malheureusement rien faire contre ça. Je ne pouvais rien faire pour revenir en arrière. Il m’avait écrit une lettre, mais je n’y avais pas répondu, ne voulant pas faire d’erreur. Il allait penser que je l’avais tout simplement oublié, mais c’était comme oublier son prénom, cela m’était impossible. Le lire, me faisait toujours de la peine. Ma vie était différente, je n’étais plus si proche de ma famille à cause du mensonge que ma mère m’avait forcé à faire à Jayden. Je partais pour mes études ? Oui, je l’avais fait, mais j’étais surtout loin pour cacher ma grossesse et c’était surtout cela qui comptait.  C’était pour son bien ? Pourtant, je ne comprenais pas réellement ça. Enfin, la main d’Erwan venait prendre la mienne pour me guider hors de notre appartement. Je le suivais souriant un peu, alors que je sentais toujours de l’eau couler le long de mes jambes cela était dû à la poche des eaux s’étant rompu.  Je montais en voiture laissant celui qui était anxieux à l’idée de devenir père alors qu’il ne se sentait pas prêt à cela. Pourtant, il était là, mais ce n’était pas celui qui aurait dû avoir cette place, mais il était temps de faire mon deuil ? Mais à ce qui paraît il faut minimum trois ans pour faire un deuil quelque qu’il soit ! Donc j’allais devoir passer par les huit phases et supporter cette peine constante donnant une correction à mon être.  Je me demandais comment ma mère et la sienne pouvait se regarder dans la glace, moi j’avais un mal fou pour être honnête. Enfin, il était temps de me concentrer sur ma respiration, car mon dieu j’étais en train de souffrir le martyre, un cadeau en avance pour la fête des mères de la part de ma fille Sofia ? Sans doute ! Le même humour que son père.

J’écrivais non pas l’un des contes ou histoire pour enfant que je devais à ma maison d’édition. Non, je répondais quatre ans plus tard à Jayden et ses lettes. Ma vie avait encore changé. Sofia avait grandi du haut de ses quatre ans, elle ne ressemblait pas physiquement à Erwan, mais bel et bien à Jayden, mais elle prenait les mimiques de ce père adoptif que je lui avais offert. Il était un bon père quand il n’était pas occupé à parler de ses affaires. Travailler à la bourse lui prenait un temps fou, me laissant parfois de côté et me laissant donc plein de temps pour penser à mon passé et à me rattacher à ce dernier. Le problème ? C’était qu’il voulait un enfant en plus, un enfant à lui, même si pour lui cela ne changerait pas son amour pour Sofia, mais impossible. Je n’arrivais pas à lui donner ! Aucune idée si j’étais dans l’incompétence de lui offrir ou si c’était lui ! Vu qu’il refusait de faire un test pour le savoir ! Alors, notre couple se déchirait, malgré qu’il tente encore d’être présent et de ne pas lâcher notre famille, je m’étais tout bonnement détaché de lui. Il me tenait responsable et incapable de lui offrir ce que j’avais offert à ce coup d’un soir … oui, je lui avais dit que ma petite princesse était la fille d’un coup d’un soir et non pas de mon premier amour du coup du plus important homme de ma vie.  Je parlais à présent avec Jayden lui contant ma vie, sauf que l’une des informations que je lui avais données n’était pas du tout vrai, j’avais menti sur l’âge de ma fille, pour qu’il ne comprenne pas qu’il en était le père. Je ne voulais pas gâcher sa vie après tout ! Peut-être que lui aussi s’était reconstruit depuis le temps ? Peut-être avait-il été chanceux depuis mon départ ? Sans doute ? Aucune idée. Je ne parlais pas beaucoup de lui avec ma mère et moins encore mes frères qui n’avait pas compris qu’il en était le père ! Il se disait que je l’avais trompé durant son coma... il était vrai que j’avais fait la fête, pour oublier … mais jamais j’aurais pu faire ça, car je l’aimais ! Quand je repensais à cet accident de voiture qui avait détruit notre vie et que par conséquent c’était ce chauffard ivre qui avait ruiné notre vie, personne ne savait qui il était … on n’avait personne à accuser de notre malheur. «  Maman ? »  Je regardais Sofia, plongeant mon regard dans le sien, laissant ce dernier  m’éloigner de l’endroit où je me trouvais pour me retrouver dans mon passé avec Jayden. «  Je peux prendre du chocolat s’il te plait ! » Je secouais la tête me levant pour essuyer discrètement ma larme qui allait couler, je lui tendais le chocolat décidant de lui présenter Jayden par photo, lui parler de lui … je ne voulais qu’un jour ces deux-là me haïssent … par un choix que je n’avais pas pu prendre moi-même n’ayant que dix-sept ans.

Je posais ma tête contre le carreau de la voiture attendant que le feu rouge passe. « Oui, il faut le mettre en bourse. » Je soufflais regardant Erwan. « Sérieux ? » Il travaillait dans ce moment ? Je venais de perdre mon père et j’étais en route pour Savannah, la petite dormait elle était excitée de voir ses oncles … de vrais enfants avec elle. Je n’avais pas eu la force de lui dire pour la mort de mon père, elle était jeune et je ne me sentais pas de le faire. Je savais qu’il était malade, qu’il n’allait pas bien, mais j’avais repoussé ma visite. Je parlais toujours à Jayden et je n’aurais pas pu l’éviter, vu qu’il vivait toujours chez sa mère. Enfin, je n’avais même pas la force de penser à ça, j’allais aux obsèques de mon père et malgré mon âge cela était pénible de perdre son père. Je me garais devant la maison de mon enfance où je n’avais jamais emmené ma fille, n’y même Erwan. On sortait de la voiture voyant ma mère venir m’accueillir ainsi que Leamon qui ne vivait pas loin. Je finissais dans les bras de mon frère tout simplement lâchant mes larmes, alors que ma petite puce venait avec nous, il était temps de lui expliquer. Erwan ? Il était toujours au téléphone … enfin.