what about now, what about today

Cinq juillet, déjà trois jours que les festivités ont commencés, la ville était en effervescence.  Tous les ans, c'était la même chose, la fête de l'indépendance était prise très au sérieuse par les habitants de Savannah et tous les ans, Noa était réquisitionné pour superviser la dernière journée, pas étonnant pour un pompier de veiller au bon déroulement des feux de joie. Tous les ans, il se portait volontaire, à vrai dire. Lui et son équipe devait donc circuler sur la plage, afin de pouvoir intervenir rapidement en cas de problème.  Cette année, ne dérogeait pas aux autres, présent sur place depuis l'aube, il arpentait la plage. Ses pensées se tournaient souvent vers la veille, journée qui avait très mal commencé mais qui avait finie sur une note un peu plus joyeuse, même si ce mot est bien trop optimiste pour résumer le moment que Noa avait passé avec Eileen, il avait essayé, avait tout tenter pour rendre cette journée agréable, mais ça n'avait bien évidement pas était suffisant pour effacer tout le mal qu'il lui avait fait, rien ne le pourrait de toute façon, il ne pouvait que tenir sa promesse de changer, maintenant, ne plus faire de faux pas, mais combien de temps tiendrait-il ?
La journée passait sans réel incident, quelques écarts, très vite maîtrisés. Vers dix-huit heures, son collègue vint prendre sa relève et libérer Noa de ses fonctions. Arrivée qu'il accueillit avec soulagement, la journée avait été longue. Il décida de rester un peu pour profiter un peu de la fête. Il commanda une bière à un stand et s'apprêta à se poser au bord de l'eau lorsqu'il aperçut une silhouette non loin de lui, il la fixa un moment, il connaissait ce corps, il le connaissait même très bien, trop bien. Il s'approcha sans doute sur l'identité de la personne. "Aédan?"       

Tu as peur de ta vie. Peur de croiser quelqu'un dont tu étais proche et de ne pas être capable de le reconnaître. Peur de blesser quelqu'un, de faire du mal. Tu pourrais très bien prendre une réflexion en pleine gueule aussi mais disons que c'est sans doute la suite logique des choses. Ou en tout cas, cela te paraît être évident. Peu facile et flippant, mais évident. Tu peux bien dire ce que tu veux, ça ne changera rien. La douleur ne pourras jamais te permettre d'améliorer ta vie. Ton cœur souffre de tout ça mais… C'était un accident de voiture. Tu ne t'es pas levé un matin en espérant oublier. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne, justement. Tu espère que c'est suffisamment clair. Tu as peut-être déjà eu l'occasion de croiser quelqu'un que tu n'as pas reconnu, quelqu'un à qui tu as tourné le dos sans même savoir pourquoi. Et tu as peur, bien sûr, peur de faire une connerie, peur de dire n'importe quoi. T'as envie de souffler mais tu sais que ça ne fonctionne pas comme ça. Et tu as peur de faire une bêtise. Ta tête est en vrac, tes pensées se perdent alors que ton corps guérit à peine. Tu ne peux pas demander un miracle mais tu sais que les possibilités sont bien trop peu nombreuses. Alors tu décides d'aller à la fête, en ce 5 juillet, bien sûr. T'as envie de te détendre et de t'amuser et tu imagines que tu pourras le faire là-bas. Sauf que lorsque l'on prononce ton prénom, tu ne reconnais pas la voix. Quand tu tournes la tête, tu ne reconnaîs pas son visage. Tu vois oui, qu'il semble te connaître mais ce n'est malheureusement pas ton cas. Tu ne sais pas vraiment quoi lui dire mais tu sais pourtant que c'est ta seule possibilité. Tu grimaces, tu te sens désolée, tu ne sais même pas quoi dire, en fin de compte. Tu as peur de le blesser, peur de faire une erreur. Cette situation… Disons que tu la fuyais mais que tu es revenue dans une ville que tu as connue. Tu ne peux pas fuir le monde.  « Bonjour. Je suis désolée… Je ne me souviens pas ». Tu détournes le regard. C'est horrible de dire ça à quelqu'un, tu en as conscience. Mais tu ne peux pas faire autrement parce que c'est là, ancré en toi. Tu ne te souviens pas…

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