quatre mars 1991, Philadelphie. - tu es né. t'es enfin sorti du ventre de ta mère. t'as été aimé. franchement. durant tes premières années, tu avais tes parents, ils étaient là. jusqu'à ce que tu aies quatre ans. à tes quatres ans, tu t'es senti délaissé. ils ne s'occupaient plus de toi. t'avais eu une nounou, mais tu ne l'as pas aimé, cette nounou. elle était gentille, mais ce n'était ni ta mère, ni ton père. tu voulais juste eux et non une inconnue payée pour s'occuper de toi. bref, t'as été seul après tes quatres ans. tu n'avais pas de frères et soeurs, tu n'avais personne pour jouer avec toi. tu jouais aux voitures tout seul. tu savais même pas ce que c'était de jouer à cache-cache ou à touche-touche avec un frère ou une soeur. et tu as mal vécu cette solitude. parce qu'en plus, tu n'avais pas énormément d'amis. tu voyais ta nounou toute la journée. elle et rien qu'elle. t'en avais vraiment marre, à force. alors, tu commençais à t'enfermer dans ta chambre et jouer. t'étais un enfant assez triste. triste de n'avoir personne. tu n'avais toi et rien que toi. limite, toi, dans le miroir, c'était ton meilleur pote. ou encore, c'était ton doudou, ton meilleur ami. mais, tu n'en avais pas besoin. tout ce que t'aurais pu lui dire, c'est ; "papa et maman ne se sont pas occupés de moi. quand ils sont rentrés, je dormais. ils me manquent beaucoup, tu sais ? "

quatre mars 1997, Philadelphie. - t'as six ans. et tes parents ont étés là pour ton anniversaire. t'es assez content, dans le fond. t'es surtout heureux. t'es content parce qu'ils sont à ton anniversaire et qu'ils n'ont pas oubliés. pour tous les enfants du monde, c'est normal qu'ils soient là, pour toi, ça pourrait être ton cadeau. tes parents sont pris par leur travail. du coup, tu ne les vois pas souvent. quand tu te lèves, ils sont déjà au boulot, des fois, ta mère est là, t'en profites pour manger ton petit-déjeuner avec elle. Sinon, quand tu te lèves, ils ne sont plus là et quand ils rentrent, tu es déjà couché. tu as, désormais, l'habitude de ce mode de vie. c'est limite, ils n'avaient pas de fils. limite, tu n'avais pas de parents. c'était ainsi et c'était assez désespérant. le lendemain de ton anniversaire, ils n'étaient plus là. le travail.

2 septembre 2003,  Savannah. - là, tu as déménagé. au revoir Philadelphie, bonjour Savannah. t'as pas été touché, t'as pas pleuré, rien du tout. t'avais ni amis, ni famille. tes grands-parents, tu n'en avais plus. ils étaient tous morts quand tu étais jeunes, tu n'avais donc plus aucun souvenirs d'eux. tes coussins, tantes, oncles et cousines vivaient loin de chez vous. t'as jamais su pourquoi ils vivaient aussi loin, et tu n'as jamais pu leur poser la question, vu que tu ne les avais jamais rencontrés. bref. Savannah. t'étais assez pressé de découvrir une nouvelle ville, un nouvel endroit. parce que tu t'ennuyais vachement à Philly. pas que tu étais content, ou si, peut-être un peu. tu te retrouvais donc à onze heures de chez-toi. autre part. avec d'autres gens. et comme tu as évolué, tu as su te faire quelques amis, pas énormément, pas de grands, mais tu pouvais dire "j'ai un ami. j'ai deux amis. j'en ai trois. bref, j'en ai. " tu t'en ais fait un le jour de la rentrée et cet ami-là, tu l'as gardé. ce fut ton premier ami. et il sera sûrement le dernier.

Et maintenant ? - maintenant, t'es toujours à Savannah. Tes parents ont continués à être absents. Mais, tu as décidé de ne plus faire attention à ça. Parce que d'y penser, ça te fait mal. Et toi, petit Brennan, tu t'es fait beaucoup plus d'amis. Tu en avais de plus en plus. Et tu aimais ça. Ensuite, tu as été en couple. Et tu as tout foiré. Tu as osé et tu as fait des conneries en grandissant, conneries que tu regrettes. T'es con. T'es bête. T'es gaffeur. Mais tu restes ainsi parce que c'est ce que tu es.